Quand vous avez lu Kafka ("Le Château") et Orwell ("1984"), vous êtes un rien bouleversé, mais vous vous dites que c'est du roman, c'est du passé c'est la lutte éternelle des petits, de l'individu, contre l'autorité officielle, l'institution ("establishment") bête et brutale : le pouvoir ; fut-il légitime par ailleurs.

Et puis, le temps passe, vous vous trouvez un jour à vouloir, par exemple sur "wikipédia" , l'encyclopédie libre et participative, ouverte à tout un chacun, ouvrir ou rectifier une page sur un sujet politique ou social, que vous connaissez bien, disons une structure dont vous seriez un des fondateurs ou initiateurs et qui traiterait, au hasard, de la décroissance, sujet et objet de débats récents.

Vous disposez même de documents incontestables soutenant vos propos.

Mais, c'est pas de chance, votre page est sytématiquement modifiée voire effacée, vous ne savez pas par qui, ni comment, et vous commencez à essayer d'entrer en contact avec un "responsable de la publication" de l'encyclopédie (...libre, indépendante et participative...). Ce jour là vous comprenez enfin le sens des mots "orwellien" et "kafkaien".

Et vous vous souvenez de la sagesse antique, nous ayant enseigné que "la Loi du Père" (l'autorité nommée, citée plus haut) est toujours plus douce que la "Loi des Frères" : ces gentils anonymes, auto-proclamés coordinateurs/animateurs, de réseaux libres, citoyens, participatifs, féministes, solidaires, écologistes, ... etc., récrivant leur histoire indéfiniment, afin que le passé soit conforme au présent.